REPAIR : Violences sexuelles

Changer les représentations, repenser les prises en charge

Colloque international organisé par les universités Jean Moulin Lyon 3 et Lumière Lyon 2, en partenariat avec les laboratoires Passages XX-XXI et EDIEC.
Et en collaboration, pour la session « Repenser le consentement » (4 mars, matin), avec l’axe Genre de la MSH Lyon St-Etienne.

Dans le sillage des différents mouvements #metoo et afin de prendre part à la réflexion qu’imposent d’une part, la prise de conscience de l’ampleur du phénomène des violences sexuelles et d’autre part le constat d’une difficulté à les reconnaitre et donc à lutter contre elles, les universités Lyon 3 et Lyon 2 organisent un colloque intitulé « Repair. Violences sexuelles : changer les représentations, repenser les prises en charge » les 3, 4 et 5 mars 2022, en partenariat avec le théâtre de la Croix-Rousse, le cinéma le Saint-Denis et la Ville de Lyon.

 

Ce colloque, résolument interdisciplinaire, ambitionne de croiser les regards du droit, des études théâtrales, de la sociologie, des sciences politiques, de la philosophie, de l’histoire, de la psychologie et de la littérature afin de mettre en lumière le fait que les violences sexuelles ne sont pas des faits divers isolés mais qu’il s’agit d’un phénomène structurel dont il faut penser la dimension systémique, rendue possible par un ensemble de représentations sociales et culturelles qui empêchent de les voir pour ce qu’elles sont et donc de les prévenir et de les prendre en charge (sur le plan du soin et de la réponse juridico-judiciaire) de façon efficace.

 

Au mot « viol » est associé dans l’imaginaire collectif une scène bien identifiée, une image d’Épinal oserons-nous dire : une femme, jeune et jolie et plutôt court-vêtue, se fait agresser sauvagement au fond d’une ruelle sordide ou d’un parking mal éclairé par un inconnu armé et dangereux, un fou, un marginal. Dans le cadre donc, deux acteurs individuels aux rôles clairement établis ; hors-cadre, regardant la scène du dehors et après coup, des spectateurs horrifiés, ignorants au moment de l’acte et de ce fait aussi impuissants qu’innocents. Ainsi donné à voir, le viol apparait comme un crime atroce et étrange ou plutôt étranger, un acte lui-même commis par un individu étranger aux lois sociales.

 

De là, la comparaison avec l’image d’Épinal, qui semble a priori déroutante voire choquante : c’est que, si elle est repoussante, cette représentation de la scène du viol est paradoxalement rassurante, parce qu’elle est figée et stéréotypée, et parce qu’elle « embellit » la réalité. De fait, elle ne correspond pas à la réalité factuelle et elle exonère la société de toute responsabilité. Les statistiques montrent pourtant que le viol n’est pas un fait divers exceptionnel mais un phénomène de masse (94 000 viols ou tentatives de viols déclarés chaque année). Ils montrent aussi que dans 91% des cas, les femmes victimes de viols et de tentatives de viol connaissent l’agresseur, celui-ci étant le conjoint ou l’ex-conjoint dans près de la moitié des affaires (49%). Les violences sexuelles s’inscrivent en partie dans le cadre des violences intrafamiliales dont relèvent l’inceste et les violences conjugales. Elles sévissent également dans diverses institutions au cœur de la vie sociale de l’enfance à l’âge adulte, l’église, le sport, la vie professionnelle. Autrement dit, les violences sexuelles s’inscrivent dans la sphère du proche et dans notre quotidien.

 

Ce décalage entre les représentations et la réalité statistique empêche l’ensemble de la chaîne des acteurs censés en assurer la prise en charge de proposer des réponses adéquates, notamment aux victimes pour qui le dépôt de plainte est souvent l’occasion d’une « victimisation secondaire ». Mais elle induit aussi des manques dans la prise en charge tant judiciaire que psychologique de deux autres acteurs de la scène trop souvent laissés dans l’angle mort des représentations : les auteurs de violence et l’ensemble de ceux qui se vivent comme des spectateurs mais sont pourtant des figurants voire des protagonistes de cette scène, parce qu’ils en sont témoins, co-victimes ou complices. Prendre la mesure du caractère massif et structurel des violences sexistes et sexuelles implique de dézoomer, de recadrer et de requalifier la scène, ses acteurs et l’intrigue pour la donner à voir comme une scène de la vie ordinaire inscrite dans le continuum temporel et spatial des violences sexistes.

 

Le colloque REPAIR entend donc tout à la fois questionner les causes et les effets des erreurs de cadrage, prendre position dans le conflit théorico-pratique qui les sous-tend et prendre sa part dans le travail de recadrage en cours, assumant un rapport transitif entre les savoirs académiques et l’impératif de transformation sociale.

 

 

Direction scientifique

Bérénice Hamidi, professeure en étude théâtrales (Univ. Lyon 2, Passages XX-XXI)
et Gaëlle Marti, professeure de droit public (Univ. Lyon 3, EDIEC)

 

 

Informations pratiques

Inscription gratuite mais obligatoire :
3 et 4 mars 2022 : marie.brossard (a) univ-lyon3.fr
5 mars : tillard.lola (a) gmail.com

À télécharger

Programme complet & informations